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Projet BD : Maïna
27 août 2012

Note d'intention

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     Passionnés de cinéma, de littérature et de bande dessinée depuis notre plus jeune âge, il y a longtemps que nous avons formé le projet d’écrire un scénario de bande dessinée. L’idée de départ est assez simple : il s’agit de raconter une histoire d’amour, en apparence impossible, entre deux jeunes gens que tout semble opposer. Nous souhaitons donner pour contexte à l’histoire un conflit militaire se déroulant au Moyen-Orient pouvant faire songer au conflit afghan, sans pour autant le nommer. Sans proposer d’allusions directes à ce pays, préférant par exemple employer le mot « insurgé » plutôt que le terme « taliban », nous souhaitons prendre du recul avec l’aspect politique de la guerre en Afghanistan afin de proposer une histoire universelle et de nous concentrer sur les ressorts dramatiques du récit. Cela nous permet également de justifier les quelques libertés prises avec l’équipement de l’armée française, en phase avec une base de travail très documentée. Bien que la trame fasse songer à la pièce Roméo et Juliette par l’idée principale, la similarité de notre projet avec l’œuvre de Shakespeare s’arrête là. Il s’agit de développer plusieurs thématiques importantes autour de deux êtres qui vont, malgré eux, tomber éperdument amoureux l’un de l’autre. Il nous a néanmoins semblé intéressant d’utiliser un conflit fictif se déroulant au Moyen-Orient comme toile de fond de notre intrigue, ce décor étant très peu mis en avant dans des récits de fiction et notamment dans l’univers de la bande dessiné. Le cadre de ce récit, que nous souhaitons développer sous la forme d'un one shot, se situe donc en dehors des sentiers battus. 

     Les nombreuses thématiques touchent aux différentes relations entre les personnages. Il s’agit par exemple de la relation entre Florent et son père. D’une part, Florent ne veut pas le décevoir mais ne peut s’empêcher de remettre en question les raisons qui l’ont poussé à se rendre au Moyen-Orient. D’autre part, le père de Florent voit en son fils le soldat qu’il fut jadis et espère qu’il marchera dans ses pas. Il pousse ce dernier à persévérer dans cette voie. Il est également question de la relation entre Maïna et sa famille, celle-ci étouffant le besoin de liberté de la jeune femme ; sans oublier la relation d’amour et de découverte entre Florent et Maïna. Le récit traite aussi le sentiment de lassitude et la violence quotidienne dans laquelle évoluent les soldats ou encore la peur des citoyens de ce pays du Moyen-Orient, coincés entre les insurgés et les soldats étrangers.

     Nous souhaitons mettre en images cette histoire d’amour, ponctuée par des scènes d’action et de guerre à la manière des grands films hollywoodiens, sans pour autant tomber dans l’excès. Chaque action se doit d’être justifiée et de faire avancer l’intrigue qui se déroule sur plusieurs mois. Le conflit en question s’enlise et les combats s’intensifient. L’histoire met donc en scène Florent Janet, jeune sergent de l’armée française partant pour le Moyen-Orient. Il sort de l’école militaire et s’envole pour sa première opération extérieure. Florent va prendre le commandement d’un petit groupe de soldats et enquêter sur un trafic d’armes. Devenu militaire plus par tradition familiale que par choix, Florent est vivement encouragé par son père, lui-même ancien soldat. Lors de ses patrouilles, le sergent rencontre Maïna et en tombe éperdument amoureux. La jeune femme est originaire d’un village situé près du campement militaire français. Maïna, issue d’une famille très traditionnelle, est soumise à des habitudes de vie qui ne lui plaisent pas, notamment pour ce qui concerne le rôle et la place de la femme dans la société et la famille. Bien qu’elle aide activement ses parents dans les tâches quotidiennes, elle rêve de l’Europe occidentale. Elle étudie la littérature et les langues. C’est une jeune fille passionnée et pleine de vie. Malgré l’amour qu’ils lui portent, ses parents l’ont promise en mariage à un riche ami de la famille, afin de subvenir à leurs besoins financiers. Ils savent pertinemment que leur fille n’aime pas cet homme. Mais ils se consolent en pensant qu’elle apprendra à l’aimer et que Maïna sera comblée par l’amour de ses futurs enfants. Le frère de Maïna jouera également un rôle dans ce récit. Il s’agit d’un jeune insurgé qui, sans vraiment s’en rendre compte, a été embrigadé par ses amis. Comme la plupart de ses comparses, il pense jouer un rôle similaire à celui des résistants français durant l’Occupation. Il évolue dans la haine des occidentaux.

     De son côté, Florent est, malgré lui, soumis à son père et ses supérieurs. Après des débuts difficiles, il se fera respecter de ses hommes qui deviendront même d’excellents camarades. Au cours du récit et de l’histoire d’amour entre Florent et Maïna, nous suivrons l’évolution de la réflexion du jeune sergent concernant ce conflit. Allant de désillusions en désillusions sur le rôle qu’il pensait devoir jouer dans ce pays, et marqué par la violence des nombreuses attaques et pertes qu’il subit, Florent s’éloigne petit à petit de son père. Il va commencer à réfléchir par lui-même et vivre la vie qu’il désire. Parsemé de scènes d’actions efficaces, de l’attaque d’un convoi militaire à l’attentat-suicide au milieu d’un marché, et sur fond d’intrigues secondaires, l’enjeu de l’histoire est étroitement lié à l’évolution de Florent et des choix qu’il devra faire. Car Florent est coincé : d’un côté se trouvent son père, son armée et les raisons qui l’ont poussé à venir combattre au Moyen-Orient, de l’autre, son dégoût pour la violence, la remise en question de l’utilité de sa mission dans ce pays et surtout, son amour grandissant pour Maïna et cette liberté nouvelle. Car c’est bien de « liberté » qu’il s’agit, au bout du compte. Au contact de Maïna, celle qui aurait dû être embrigadée et soumise à un système, Florent s’ouvre au monde qui l’entoure et à l’amour. Malgré les avertissements de ses hommes, hostiles à la population locale, et en dépit des conseils de son père, Florent retrouve régulièrement Maïna dans un lieu secret. Leur relation va cependant être mise à rude épreuve, le conflit avec les insurgés s’intensifiant et la date du mariage forcé de Maïna se rapprochant. Face aux nombreux obstacles qui se dressent devant eux, les deux amants vont devoir faire des choix.

     Le situation est donc celle de Roméo et Juliette, mais seulement pour ce qui est de l’amour en apparence impossible. Le scénario traite aussi des guerres insurrectionnelles du Moyen-Orient, de la guerre en général et de la découverte d’une autre culture. En plus des scènes d’action, ponctuant le récit de quelques passages chocs, ce projet s’intéresse aux aspects du quotidien des soldats envoyés à l’étranger. La relation entre Florent et ses hommes va prendre de l’importance et évoluer tout au long du récit. En suivant le parcours de Florent et sa relation avec Maïna, le lecteur s’attachera à certains personnages secondaires et en détestera d’autres. Au premier abord, certains s’apparenteront plus à des héros et d’autres à des personnes malveillantes. Du caporal surnommé l’Ourson qui sera roué de coups par des militaires homophobes, à la deuxième classe Marion Zarko qui trahira Florent, son chef de groupe, ou encore à certains mercenaires britanniques qui perdront un camarade proche –sans oublier Florent, Maïna et leurs familles respectives–, tous les protagonistes de l’intrigue seront finalement touchés par cette mission qui les marquera pour le restant de leurs jours.

     Dans ce récit, le lecteur est amené à croiser des militaires ou des médecins français, mais également des marines américains, des mercenaires britanniques, des commerçants ou des civils originaires de ce pays du Moyen-Orient. Bien que les échanges dans une langue autre que le français ne représentent qu’une infime partie du dialogue général, nous envisageons d’utiliser des polices différentes suivant les langues employées. Les différents personnages emploieront quelques termes techniques que nous expliciterons de façon très succincte en bas des pages concernées. Il s’agira par exemple du terme « opex » qui désigne une opération extérieure. À travers cette fresque guerrière et amoureuse, nous évoquerons également la pratique de l’immolation. C’est à la toute fin du récit qu’il en sera question. Ce phénomène, très couramment pratiqué, est le seul moyen pour de nombreuses jeunes filles d’éviter un mariage forcé. Celles-ci sont parfois très jeunes. Nous établirons d’ailleurs un parallèle entre le département des grands brûlés d’un hôpital local, rempli de ces jeunes filles, et un transport militaire rapatriant de nombreux soldats blessés, parfois très gravement, en France.

     Enfin, nous avons choisi une colorisation en noir et blanc dont les contrastes intensifient le trait et instaurent une ambiance visuelle vraiment prenante. Avec les décors récurrents du marché, du désert ou de la base française, les tons colorés auraient rapidement été assez répétitifs et auraient ainsi nui au style graphique. Nous avons néanmoins fait le choix de coloriser les scènes de nuit. Cette particularité permet de mettre en avant des scènes capitales dans l’avancée de l’intrigue et de différencier visuellement le jour de la nuit. Plus que cela, ce style graphique instaure une véritable ambiance lors de ces scènes nocturnes, du baiser poétique (proposé dans ce dossier de présentation) à une scène d’action dont les filtres verts rappellent les appareils militaires de vision nocturne.

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